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La liberté religieuse à l'école

Jean-Baptiste-Camille Corot. Ville-d'Array: Entrée au bois, etc.
(Jean-Baptiste-Camille Corot. Ville-d'Array: Entrée au bois, etc. Source)

Note: Ce texte est une critique du document La liberté religieuse à l'école, discours prononcé par le Cardinal Marc Ouellet, lors d'une conférence de presse du 12 mars 2007 donnée à l'Oratoire du Monastère des Ursulines, à Québec.

[Vert] La question de la liberté religieuse à l'école mérite l'attention de la campagne électorale au Québec parce que la loi 95, adoptée en juin 2005, a modifié radicalement le statut de la religion à l'école. Dorénavant, le régime d'option entre un cours de religion catholique ou protestante et un cours d'éthique sera remplacé par un cours d'éthique et de culture religieuse partout et à tous les niveaux du primaire et du secondaire, tant à l'école publique qu'à l'école privée.

[Vert] Des centaines de milliers de parents perdent ainsi leur droit de choisir l'enseignement religieux qu'ils désirent transmettre à leurs enfants à l'école.

[Vert] Beaucoup auront difficilement les moyens de se réorganiser autrement en dehors de l'école, à cause des contraintes pratiques de temps, de travail, d'argent et de ressources disponibles.

C'est vrai, mais la question d'argent et de temps est tout-à-fait secondaire, lorsqu'on la compare au fait que l'État viole les droits fondamentaux de l'Église et des familles!

[Vert] J'appuie la démarche des parents qui veulent des amendements à la loi 95 qui impose un seul cours d'État pour tous. J'appuie en particulier les écoles privées catholiques qui devront modifier substantiellement leur programme si la loi 95 n'est pas amendée avant son entrée en vigueur en septembre 2008.

[Vert] Beaucoup de ces écoles sont l'oeuvre de communautés religieuses qui ont servi l'éducation au Québec depuis des décennies sinon des siècles. Elles se voient maintenant forcées de marginaliser la religion catholique à l'intérieur de leur propre institution pour céder la place au Cours d'État obligatoire d'éthique et de culture religieuse.

Bon, c'est peut-être une question de goût, mais si j'étais un général à la tête de mes troupes, je ne dirais pas des choses comme: «Maintenant que notre patrie a été attaquée, nous n'avons plus le choix. Nous devons laisser l'envahisseur faire tout ce qu'il veut». Disons que je m'y prendrais autrement pour galvaniser mes troupes avant le combat!

[Jaune] Cette imposition par l'État marque un recul de la liberté religieuse au Québec,

Un «recul»? Si une école catholique ne peut même plus enseigner le catholicisme, est-ce un «recul», ou une élimination de la liberté religieuse?

[Vert] selon un grand nombre de personnes, dont les évêques. C'est pourquoi l'Assemblée des évêques du Québec a adopté la résolution suivante lors de sa réunion plénière la semaine dernière: «L'Assemblée des évêques

[Rouge] demande

exige

[Vert] qu'au nom de la liberté religieuse, le cours d'éthique et de culture religieuse ne soit pas imposé dans les écoles privées catholiques.»

Comme je l'ai déjà signalé dans une autre Lettre de capitulation Lettre pastorale du Cardinal Ouellet, La formation à la vie chrétienne, l'Église catholique n'enseigne pas que nous avons le droit à une heure de religion par semaine, dans les écoles que l'État nous a volées. L'Église enseigne que:

Car sans religion, point d'éducation morale digne de ce nom, ni vraiment efficace: attendu que la nature même et la force de tout devoir dérivent de ces devoirs, spéciaux qui relient l'homme à Dieu, à Dieu qui commande, qui défend, et qui appose une sanction au bien et au mal. C'est pourquoi, vouloir des âmes imbues de bonnes moeurs, et les laisser en même temps dépourvues de religion, c'est chose aussi insensée que d'inviter à la vertu après en avoir ruiné la base.
Affari vos, N° 5]

[...] depuis que Dieu s'est révélé dans son Fils unique, qui seul est la voie, la vérité et la vie, il ne peut y avoir d'éducation complète et parfaite en dehors de l'éducation chrétienne.
[Divini Illius Magistri, N° 7]

La conséquence nécessaire en est l'indépendance de l'Église vis-à-vis de tout pouvoir terrestre, aussi bien dans l'origine que dans l'exercice de sa mission éducatrice
[Divini Illius Magistri, N° 18]

Pareillement, il faut fuir à tout prix, comme très funestes, les écoles où toutes les croyances sont accueillies indifféremment et traitées de pair, comme si, pour ce qui regarde Dieu et les choses divines, il importait peu d'avoir ou non de saines doctrines, d'adopter la vérité ou l'erreur. Vous êtes loin d'ignorer, Vénérables Frères, que toute école de ce genre a été condamnée par l'Eglise, parce qu'il ne se peut rien de plus pernicieux, de plus propre à ruiner l'intégrité de la Foi et à détourner les jeunes intelligences du sentier de la vérité.
Affari vos, N° 4]

Aussi ce saint Concile proclame-t-il à nouveau le droit, pour l'Église, de fonder et de diriger librement des écoles de tout ordre et de tout degré, droit déjà déclaré dans d'innombrables documents du magistère [...] Et aux parents catholiques, le Concile rappelle leur devoir de confier leurs enfants, où et lorsqu'ils le peuvent, à des écoles catholiques, leur devoir de soutenir celles-ci selon leurs ressources et de collaborer avec elles pour le bien de leurs enfants.
[Gravissimum Educationis, N° 8, mes gras]

À chaque fois que l'État prétend avoir un monopole sur l'éducation, il outrepasse ses droits et offense la justice. Ce sont les parents qui ont le droit de choisir l'école à laquelle ils vont envoyer leurs enfants et le droit d'établir et de soutenir des centres éducatifs en accord avec leurs propres croyances.
[Libertatis conscientia, N° 94]

Mais là aussi où cette liberté élémentaire est empêchée ou contrecarrée de différentes manières, les catholiques ne s'emploieront jamais assez, fût-ce au prix des plus grands sacrifices, à soutenir et à défendre leurs écoles, comme à obtenir des lois justes en matière d'enseignement.
[Divini Illius Magistri, N° 83]

Imaginez un peu, si des voleurs enfonçaient la porte de votre maison, vous jetaient dehors, et s'installaient chez vous. Que diriez-vous si la police, devant cette injustice, faisait une conférence de presse pour suggérer que les voleurs vous laissent entrer dans votre propre maison 5 minutes par jour, pour vous permettre de vous faire une tasse de café? Est-ce que vous diriez que ces policiers font leur devoir?

[Jaune] Je précise que les évêques ne s'opposent pas à l'élaboration de ce cours d'État

En passant, avant de donner une bénédiction épiscopale à ce cours, j'aimerais bien le voir. Je suis prêt à parier que ce cours est une fosse septique de relativisme moral et de post-modernisme.

[Vert] qui veut maintenir des contenus d'éthique et de culture religieuse à l'école. Ils y sont même favorables en principe. Mais ils contestent que ce cours soit obligatoire pour tous et partout, sans égard pour le droit des parents et pour la liberté religieuse des citoyens et citoyennes.

[Vert] Cette question touche à l'avenir des familles

[Jaune] et à la transmission d'une dimension importante de notre patrimoine collectif.

Cela ferait du bien si le Cardinal parlait un peu moins de «patrimoine», et un peu plus de vérité. Entendre l'Évangile de Jésus-Christ n'est pas une «dimension importante de notre patrimoine», mais un droit absolu de tout homme (et pas seulement des chrétiens).

[Rouge] Elle est posée aux chefs des différents partis et à leurs candidates et candidats dans le but d'éclairer la population sur un enjeu majeur de l'éducation, celui de la liberté religieuse à l'école. La réponse des futurs élus aidera à trouver, le moment venu, les amendements nécessaires pour satisfaire aux exigences de la démocratie et aux droits prioritaires des parents.

[Rouge] Maintenant la parole est aux politiciens et la population décidera.

Ici, ça ce gâte complètement. Le Cardinal semble bien dire qu'un droit absolu de l'Église et des familles est en fait un simple privilège que l'État peut lui concéder, si bon lui semble.

C'est encore plus ridicule si on considère que tous les partis qui ont une possibilité mathématique de former le prochain gouvernement n'ont pas la moindre intention de défendre les droits de l'Église et des familles. En d'autres mots, nous savons déjà que d'amener le combat sur ce champ de bataille politique va mener à une défaite.

Si le Cardinal avait expliqué qu'aucun vote humain ne peut changer les droits inaliénables de l'Église et des familles, au moins les dégâts auraient été réduits. Au contraire, sa manoeuvre garantit que tous les politiciens vont pouvoir dire: «Taisez-vous, votre propre Cardinal a dit que le vote déciderait». Nous avons déjà vu ailleurs les conséquences d'un tel «vote pré-perdu sur une question invotable».

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