Adorons Jésus-Eucharistie! | Accueil >> Varia >> Livres >> Table des matières
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«Père, (...) la vie éternelle, c'est qu'ils Te connaissent, Toi, le seul véritable Dieu, et Ton envoyé, Jésus-Christ» [Jn 17:3]. «Dieu notre Sauveur (...) veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité» [1Tm 2:3-4]. «Il n'y a sous le ciel d'autre nom donné aux hommes, par lequel il nous faille être sauvés» [Ac 4:12]. que le nom de JÉSUS.
§1
Dieu, infiniment Parfait et Bienheureux en Lui-même, dans un dessein de pure bonté, a
librement créé l'homme pour le faire participer à sa vie bienheureuse. C'est
pourquoi, de tout temps et en tout lieu, Il se fait proche de l'homme. Il l'appelle,
l'aide à Le chercher, à Le connaître et à L'aimer de toutes ses forces. Il convoque
tous les hommes que le péché a dispersés dans l'unité de sa famille, l'Église. Pour
ce faire, Il a envoyé son Fils comme Rédempteur et Sauveur lorsque les temps furent
accomplis. En Lui et par Lui, Il appelle les hommes à devenir, dans l'Esprit Saint,
ses enfants d'adoption, et donc les héritiers de sa vie bienheureuse.
§2
Pour que cet appel retentisse par toute la terre, le Christ a envoyé les apôtres
qu'Il avait choisis en leur donnant mandat d'annoncer l'Évangile: «Allez, de toutes
les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du
Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et moi,
je suis avec vous pour toujours, jusqu'à la fin du monde»
[Mt 28:19-20].
Forts de cette mission, les apôtres «s'en allèrent prêcher en tout lieu, le Seigneur
agissant avec eux et confirmant la Parole par les signes qui l'accompagnaient»
[Mc 16:20].
§3
Ceux qui à
l'aide de Dieu ont accueilli l'appel du Christ et y ont librement répondu, ont
été à leur tour pressés par l'amour du Christ d'annoncer partout dans le monde
la Bonne Nouvelle. Ce trésor reçu des apôtres a été gardé fidèlement par leurs
successeurs. Tous les fidèles du Christ sont appelés à le transmettre de
génération en génération, en annonçant la foi, en la vivant dans le partage
fraternel et en la célébrant dans la liturgie et la prière (cf. Ac 2, 42).
§4
Très tôt on a
appelé catéchèse l'ensemble des efforts entrepris dans l'Église pour
faire des disciples, pour aider les hommes à croire que Jésus est le Fils de
Dieu afin que, par la foi, ils aient la vie en son nom, pour les éduquer et les
instruire dans cette vie et construire ainsi le Corps du Christ (cf. CT 1).
§5
«La
catéchèse estune éducation de la foi des enfants, des jeunes et des
adultes, qui comprend spécialement un enseignement de la doctrine chrétienne,
donné en général de façon organique et systématique, en vue d'initier à la
plénitude de la vie chrétienne» (CT 18).
§6
Sans se
confondre avec eux, la catéchèse s'articule sur un certain nombre d'éléments de
la mission pastorale de l'Église, qui ont un aspect catéchétique, qui préparent
la catéchèse ou qui en découlent: première annonce de l'Évangile ou
prédication missionnaire pour susciter la foi; recherche des raisons de
croire; expérience de vie chrétienne; célébration des
sacrements; intégration dans la communauté ecclésiale; témoignage
apostolique et missionnaire (cf. CT 18).
§7
«La
catéchèse est liée intimement à toute la vie de l'Église. Non seulement
l'extension géographique et l'augmentation numérique mais aussi, et davantage
encore, la croissance intérieure de l'Église, sa correspondance avec le dessein
de Dieu, dépendent essentiellement d'elle» (CT 13).
§8
Les périodes
de renouveau de l'Église sont aussi des temps forts de la catéchèse. Ainsi
voit-on à la grande époque des Pères de l'Église de saints évêques y consacrer
une part importante de leur ministère. Tels sont S. Cyrille de Jérusalem et S.
Jean Chrysostome, S. Ambroise et S. Augustin, et bien d'autres Pères dont les
oeuvres catéchétiques demeurent des modèles.
§9
Le ministère
de la catéchèse puise des énergies toujours nouvelles dans les Conciles. Le
Concile de Trente constitue à cet égard un exemple à souligner: il a
donné à la catéchèse une priorité dans ses constitutions et ses décrets;
il est à l'origine du Catéchisme Romain qui porte aussi son nom et constitue
une oeuvre de premier ordre comme abrégé de la doctrine chrétienne; il a
suscité dans l'Église une organisation remarquable de la catéchèse; il a
entraîné, grâce à de saints évêques et théologiens tels S. Pierre Canisius, S.
Charles Borromée, S. Toribio de Mogrovejo, S. Robert Bellarmin, la publication
de nombreux catéchismes.
§10
Il n'est pas étonnant, dès
lors, que, dans le mouvement à la suite du deuxième Concile du Vatican
(considéré par le Pape Paul VI comme le grand catéchisme des temps modernes),
la catéchèse de l'Église ait de nouveau attiré l'attention. Le
«Directoire général de la Catéchèse» de 1971, les
sessions du Synode des évêques consacrées à l'évangélisation (1974) et à la
catéchèse (1977), les exhortations apostoliques qui leur correspondent,
«Evangelii nuntiandi» (1975) et «Catechesi
tradendae» (1979), en témoignent. La session extraordinaire du Synode
des évêques de 1985 demanda «que soit rédigé un catéchisme ou
compendium de toute la doctrine catholique tant sur la foi que sur la morale»
(rapport final II B a 4). Le Saint-Père, Jean Paul II, a fait sien ce voeu émis
par le Synode des évêques en reconnaissant que «ce désir répond tout
à fait à un vrai besoin de l'Église universelle et des Églises particulières»
(Discours 7 décembre 1985). Il mit tout en oeuvre pour la réalisation de ce voeu
des pères du Synode.
§11
Ce Catéchisme a pour but de
présenter un exposé organique et synthétique des contenus essentiels et
fondamentaux de la doctrine catholique tant sur la foi que sur la morale, à la
lumière du Concile Vatican II et de l'ensemble de la Tradition de l'Église. Ses
sources principales sont l'Écriture Sainte, les saints Pères, la liturgie et le
Magistère de l'Église. Il est destiné à servir «comme un point de
référence pour les catéchismes ou compendia qui sont composés dans les
divers pays» (Synode des Évêques 1985, rapport final II B a 4).
§12
Ce Catéchisme est destiné
principalement aux responsables de la catéchèse: en premier lieu aux
évêques, en tant que docteurs de la foi et pasteurs de l'Église. Il leur est
offert comme instrument dans l'accomplissement de leur charge d'enseigner le
Peuple de Dieu. A travers les évêques, il s'adresse aux rédacteurs de
catéchismes, aux prêtres et aux catéchistes. Il sera aussi d'utile lecture pour
tous les autres fidèles chrétiens.
§13
Le plan de ce Catéchisme
s'inspire de la grande tradition des catéchismes qui articulent la catéchèse
autour de quatre «piliers «: la profession de la foi
baptismale (le Symbole), les sacrements de la foi, la vie de la foi (les
Commandements), la prière du croyant (le Notre Père).
Première partie: La profession de la foi
§14
Ceux qui par la foi et le
Baptême appartiennent au Christ doivent confesser leur foi baptismale devant
les hommes (cf. Mt 10, 32; Rm 10, 9). Pour cela, le Catéchisme expose d'abord
en quoi consiste la Révélation par laquelle Dieu s'adresse et se donne à
l'homme, et la foi, par laquelle l'homme répond à Dieu (première section).
Le symbole de la foi résume les dons que Dieu fait à l'homme comme Auteur de
tout bien, comme Rédempteur, comme Sanctificateur et les articule autour des
«trois chapitres» de notre Baptême -- la foi en un seul
Dieu: le Père Tout-puissant, le Créateur; et Jésus-Christ, son
Fils, notre Seigneur et Sauveur; et l'Esprit Saint, dans la Sainte Église
(deuxième section).
Deuxième partie: Les sacrements de la foi
§15
La deuxième partie du
Catéchisme expose comment le salut de Dieu, réalisé une fois pour toutes par le
Christ Jésus et par l'Esprit Saint, est rendu présent dans les actions sacrées
de la liturgie de l'Église (première section), particulièrement dans les
sept sacrements (deuxième section).
Troisième partie: La vie de la foi
§16
La troisième partie du
Catéchisme présente la fin ultime de l'homme, créé à l'image de Dieu: la
béatitude, et les chemins pour y parvenir: par un agir droit et libre,
avec l'aide de la loi et de la grâce de Dieu (première section);
par un agir qui réalise le double commandement de la charité, déployé dans les
dix Commandements de Dieu (deuxième section).
Quatrième partie: La prière dans la vie de la foi
§17
La dernière partie du
Catéchisme traite du sens et de l'importance de la prière dans la vie des
croyants (première section). Elle s'achève sur un bref commentaire des
sept demandes de la prière du Seigneur (deuxième section). En elles, en
effet, nous trouvons la somme des biens que nous devons espérer et que notre
Père céleste veut nous accorder.
§18
Ce Catéchisme est conçu
comme un exposé organique de toute la foi catholique. Il faut donc le
lire comme une unité. De nombreux renvois en marge du texte (numéros en
italique se référant à d'autres paragraphes traitant du même sujet) et l'index
thématique à la fin du volume permettent de voir chaque thème dans son lien
avec l'ensemble de la foi.
§19
Souvent, les textes de
l'Écriture Sainte ne sont pas cités littéralement mais avec la seule indication
de leur référence (par «cf.») en note. Pour une
intelligence approfondie de tels passages il convient de se reporter aux textes
eux-mêmes. Ces références bibliques sont un instrument de travail pour la
catéchèse.
§20
L'emploi des petits
caractères pour certains passages indique qu'il s'agit de remarques de type
historique, apologétique ou d'exposés doctrinaux complémentaires.
§21
Les citations, en
petits caractères, de sources patristiques, liturgiques, magistérielles ou
hagiographiques sont destinées à enrichir l'exposé doctrinal. Souvent ces
textes ont été choisis en vue d'un usage directement catéchétique.
§22
A la fin de chaque unité thématique,
une série de textes brefs résument en des formules ramassées l'essentiel de
l'enseignement. Ces «En bref»ont pour but de
donner des suggestions à la catéchèse locale pour des formules synthétiques et
mémorisables.
§23
L'accent de ce Catéchisme
porte sur l'exposé doctrinal. En effet, il veut aider à approfondir la
connaissance de la foi. Par là même il est orienté vers la maturation de cette
foi, son enracinement dans la vie et son rayonnement dans le témoignage (cf. CT
20-22; 25).
§24
Par sa finalité même, ce
Catéchisme ne se propose pas de réaliser les adaptations de l'exposé et des
méthodes catéchétiques exigées par les différences de cultures, d'âges, de
maturité spirituelle, de situations sociales et ecclésiales de ceux à qui
s'adresse la catéchèse. Ces adaptations indispensables relèvent des catéchismes
appropriés, et plus encore de ceux qui instruisent les fidèles:
Celui qui enseigne doit «se faire tout à tous» (1 Co 9, 22), pour gagner tout le monde à Jésus-Christ. (...) Surtout qu'il ne s'imagine pas qu'une seule sorte d'âmes lui soit confiée, et que par conséquent il lui est loisible d'enseigner et de former également tous les fidèles à la vraie piété, avec une seule et même méthode et toujours la même! Qu'il sache bien que les uns sont en Jésus-Christ comme des enfants nouvellement nés, d'autres comme des adolescents, quelques-uns enfin, comme en possession de toutes leurs forces. (...) Ceux qui sont appelés au ministère de la prédication doivent, en transmettant l'enseignement des mystères, de la foi et des règles des moeurs, proportionner leurs paroles à l'esprit et à l'intelligence de leurs auditeurs (Catech. R. préface 11).
Par dessus tout -- la Charité
§25
Pour conclure cette présentation,
il est opportun de rappeler ce principe pastoral qu'énonce le Catéchisme
Romain:
Toute la finalité de la doctrine et de l'enseignement doit être placée dans l'amour qui ne finit pas. Car on peut bien exposer ce qu'il faut croire, espérer ou faire; mais surtout on doit toujours faire apparaître l'Amour de Notre Seigneur afin que chacun comprenne que tout acte de vertu parfaitement chrétien n'a pas d'autre origine que l'Amour et pas d'autre terme que l'Amour (Catech. R. préface 10).
§26
Lorsque nous professons
notre foi, nous commençons par dire: «Je crois» ou
«Nous croyons». Avant d'exposer la foi de l'Église telle
qu'elle est confessée dans le Credo, célébrée dans la liturgie, vécue dans la
pratique des Commandements et dans la prière, demandons-nous donc ce que
signifie «croire». La foi est la réponse de l'homme à
Dieu qui se révèle et se donne à lui, en apportant en même temps une lumière
surabondante à l'homme en quête du sens ultime de sa vie. Nous considérons dès
lors d'abord cette quête de l'homme (chapitre premier), ensuite la
Révélation divine, par laquelle Dieu vient au devant de l'homme (chapitre
deuxième), enfin la réponse de la foi (chapitre troisième).
L'HOMME EST "CAPABLE" DE DIEU
I. Le désir de Dieu
§27
Le désir de Dieu est inscrit
dans le coeur de l'homme, car l'homme est créé par Dieu et pour Dieu; Dieu ne
cesse d'attirer l'homme vers Lui, et ce n'est qu'en Dieu que l'homme trouvera
la vérité et le bonheur qu'il ne cesse de chercher:
L'aspect le plus sublime de la dignité humaine se trouve dans cette vocation de l'homme à communier avec Dieu. Cette invitation que Dieu adresse à l'homme de dialoguer avec Lui commence avec l'existence humaine. Car si l'homme existe, c'est que Dieu l'a créé par Amour et, par Amour, ne cesse de lui donner l'être; et l'homme ne vit pleinement selon la vérité que s'il reconnaît librement cet Amour et s'abandonne à son Créateur (GS 19, § 1).
§28
De multiples manières, dans
leur histoire, et jusqu'à aujourd'hui, les hommes ont donné expression à leur
quête de Dieu par leur croyances et leurs comportements religieux (prières,
sacrifices, cultes, méditations, etc.). Malgré les ambiguïtés qu'elles peuvent
comporter, ces formes d'expression sont si universelles que l'on peut appeler
l'homme un être religieux:
Dieu a fait habiter sur toute la face de la terre tout le genre humain, issu d'un seul; il a fixé aux peuples les temps qui leur étaient départis et les limites de leur habitat, afin que les hommes cherchent la divinité pour l'atteindre, si possible, comme à tâtons, et la trouver; aussi bien n'est-elle pas loin de chacun de nous. C'est en elle en effet que nous avons la vie, le mouvement et l'être (Ac 17, 26-28).
§29
Mais ce «rapport
intime et vital qui unit l'homme à Dieu» (GS 19, § 1) peut être
oublié, méconnu et même rejeté explicitement par l'homme. De telles attitudes
peuvent avoir des origines très diverses (cf. GS 19-21): la révolte
contre le mal dans le monde, l'ignorance ou l'indifférence religieuses, les
soucis du monde et des richesses (cf. Mt 13, 22), le mauvais exemple des
croyants, les courants de pensée hostiles à la religion, et finalement cette
attitude de l'homme pécheur qui, de peur, se cache devant Dieu (cf. Gn 3, 8-10)
et fuit devant son appel (cf. Jon 1, 3).
§30
«Joie pour les
coeurs qui cherchent Dieu» (Ps 105, 3). Si l'homme peut oublier ou
refuser Dieu, Dieu, Lui, ne cesse d'appeler tout homme à Le chercher pour qu'il
vive et trouve le bonheur. Mais cette quête exige de l'homme tout l'effort de
son intelligence, la rectitude de sa volonté, «un coeur
droit», et aussi le témoignage des autres qui lui apprennent à
chercher Dieu.
Tu es grand, Seigneur, et louable hautement: grand est ton pouvoir et ta sagesse n'a point de mesure. Et l'homme, petite partie de ta création, prétend Te louer, précisément l'homme qui, revêtu de sa condition mortelle, porte en lui le témoignage de son péché et le témoignage que Tu résistes aux superbes. Malgré tout, l'homme, petite partie de ta création, veut Te louer. Toi-même Tu l'y incites, en faisant qu'il trouve ses délices dans ta louange, parce que Tu nous a fait pour Toi et notre coeur est sans repos tant qu'il ne se repose en Toi (S. Augustin, conf. 1, 1, 1).
§31
Créé à l'image de Dieu,
appelé à connaître et à aimer Dieu, l'homme qui cherche Dieu découvre certaines
«voies» pour accéder à la connaissance de Dieu. On les
appelle aussi «preuves de l'existence de Dieu», non pas
dans le sens des preuves que cherchent les sciences naturelles, mais dans le
sens d'«arguments convergents et convaincants» qui
permettent d'atteindre à de vraies certitudes.
Ces «voies» pour approcher Dieu ont pour point de départ la création: le monde matériel et la personne humaine.
§32
Le monde: A
partir du mouvement et du devenir, de la contingence, de l'ordre et de la
beauté du monde, on peut connaître Dieu comme origine et fin de l'univers.
S. Paul affirme au sujet des païens: «Ce qu'on peut connaître de Dieu est pour eux manifeste: Dieu en effet le leur a manifesté. Ce qu'il y a d'invisible depuis la création du monde se laisse voir à l'intelligence à travers ses oeuvres, son éternelle puissance et sa divinité» (Rm 1, 19-20; cf. Ac 14, 15. 17; 17, 27-28; Sg 13, 1-9).
Et S. Augustin: «Interroge la beauté de la terre, interroge la beauté de la mer, interroge la beauté de l'air qui se dilate et se diffuse, interroge la beauté du ciel (...) interroge toutes ces réalités. Toutes te répondent: Vois, nous sommes belles. Leur beauté est une profession (confessio). Ces beautés sujettes au changement, qui les a faites sinon le Beau (Pulcher), non sujet au changement?» (Serm. 241, 2: PL 38, 1134).
§33
L'homme: avec
son ouverture à la vérité et à la beauté, son sens du bien moral, sa liberté et
la voix de sa conscience, son aspiration à l'infini et au bonheur, l'homme s'interroge
sur l'existence de Dieu. A travers tout cela il perçoit des signes de son âme
spirituelle. «Germe d'éternité qu'il porte en lui-même, irréductible
à la seule matière» (GS 18, § 1; cf. 14, § 2), son âme ne peut
avoir son origine qu'en Dieu seul.
§34
Le monde et l'homme
attestent qu'ils n'ont en eux-mêmes ni leur principe premier ni leur fin
ultime, mais participent à l'Être en soi, sans origine et sans fin. Ainsi, par
ces diverses «voies», l'homme peut accéder à la connaissance
de l'existence d'une réalité qui est la cause première et la fin ultime de
tout, «et que tous appellent Dieu» (S. Thomas d'A., s.
th. 1, 2, 3).
§35
Les facultés de l'homme le
rendent capable de connaître l'existence d'un Dieu personnel. Mais pour que
l'homme puisse entrer dans son intimité, Dieu a voulu se révéler à lui et lui
donner la grâce de pouvoir accueillir cette révélation dans la foi. Néanmoins,
les preuves de l'existence de Dieu peuvent disposer à la foi et aider à voir que
la foi ne s'oppose pas à la raison humaine.
§36
«La Sainte
Église, notre mère, tient et enseigne que Dieu, principe et fin de toutes choses,
peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine à
partir des choses créées» (Cc. Vatican I: DS 3004; cf.
3026; DV 6). Sans cette capacité, l'homme ne pourrait accueillir la
révélation de Dieu. L'homme a cette capacité parce qu'il est créé «à
l'image de Dieu» (Gn 1, 27).
§37
Dans les conditions
historiques dans lesquelles il se trouve, l'homme éprouve cependant bien des
difficultés pour connaître Dieu avec la seule lumière de sa raison:
Bien que la raison humaine, en effet, à parler simplement, puisse vraiment par ses forces et sa lumière naturelles arriver à une connaissance vraie et certaine d'un Dieu personnel, protégeant et gouvernant le monde par sa Providence, ainsi que d'une loi naturelle mise par le Créateur dans nos âmes, il y a cependant bien des obstacles empêchant cette même raison d'user efficacement et avec fruit de son pouvoir naturel, car les vérités qui concernent Dieu et les hommes dépassent absolument l'ordre des choses sensibles, et lorsqu'elles doivent se traduire en action et informer la vie, elles demandent qu'on se donne et qu'on se renonce. L'esprit humain, pour acquérir de semblables vérités, souffre difficulté de la part des sens et de l'imagination, ainsi que des mauvais désirs nés du péché originel. De là vient qu'en de telles matières les hommes se persuadent facilement de la fausseté ou du moins de l'incertitude des choses dont ils ne voudraient pas qu'elles soient vraies (Pie XII, enc. «Humani Generis «: DS 3875).
§38
C'est pourquoi l'homme a
besoin d'être éclairé par la révélation de Dieu, non seulement sur ce qui
dépasse son entendement, mais aussi sur «les vérités religieuses et
morales qui, de soi, ne sont pas inaccessibles à la raison, afin qu'elles
puissent être, dans l'état actuel du genre humain, connues de tous sans
difficulté, avec une ferme certitude et sans mélange d'erreur» (ibid.,
DS 3876; cf. Cc. Vatican
I: DS 3005; DV 6; S. Thomas d'A., s. th. 1, 1, 1).
§39
En défendant la capacité de
la raison humaine de connaître Dieu, l'Église exprime sa confiance en la
possibilité de parler de Dieu à tous les hommes et avec tous les hommes. Cette
conviction est le point de départ de son dialogue avec les autres religions,
avec la philosophie et les sciences, et aussi avec les incroyants et les
athées.
§40
Puisque notre connaissance
de Dieu est limitée, notre langage sur Dieu l'est également. Nous ne pouvons
nommer Dieu qu'à partir des créatures, et selon notre mode humain limité de
connaître et de penser.
§41
Les créatures portent toutes
une certaine ressemblance de Dieu, tout spécialement l'homme créé à l'image et
à la ressemblance de Dieu. Les multiples perfections des créatures (leur
vérité, leur bonté, leur beauté) reflètent donc la perfection infinie de Dieu.
Dès lors, nous pouvons nommer Dieu à partir des perfections de ses créatures,
«car la grandeur et la beauté des créatures font, par analogie,
contempler leur Auteur» (Sg 13, 5).
§42
Dieu transcende toute
créature. Il faut donc sans cesse purifier notre langage de ce qu'il a de
limité, d'imagé, d'imparfait pour ne pas confondre le Dieu
«ineffable, incompréhensible, invisible, insaisissable»
(Liturgie de S. Jean Chrysostome, Anaphore) avec nos représentations humaines.
Nos paroles humaines restent toujours en deçà du mystère de Dieu.
§43
En parlant ainsi de Dieu,
notre langage s'exprime, certes, de façon humaine, mais il atteint réellement
Dieu lui-même, sans pourtant pouvoir l'exprimer dans son infinie simplicité. En
effet, il faut se rappeler qu'«entre le Créateur et la créature on
ne peut marquer tellement de ressemblance que la dissemblance entre eux ne soit
pas plus grande encore» (Cc. Latran IV: DS 806), et que
«nous ne pouvons saisir de Dieu ce qu'Il est, mais seulement ce
qu'Il n'est pas, et comment les autres êtres se situent par rapport à
Lui» (S. Thomas d'A., s. gent. 1, 30)
EN BREF
§44
L'homme est par nature et par vocation
un être religieux. Venant de Dieu, allant vers Dieu, l'homme ne vit une vie
pleinement humaine que s'il vit librement son lien avec Dieu.
§45
L'homme est fait pour vivre en communion avec Dieu en qui il trouve son
bonheur: «Quand tout entier je serai en Toi, il n'y aura plus
jamais de chagrin et d'épreuve; tout entière pleine de Toi, ma vie sera
accomplie» (S. Augustin, conf. 10, 28, 39).
§46
Quand il écoute le message des créatures et la voix de sa conscience, l'homme
peut atteindre la certitude de l'existence de Dieu, cause et fin de tout.
§47
L'Église enseigne que le Dieu unique et véritable, notre Créateur et Seigneur,
peut être connu avec certitude par ses oeuvres grâce à la lumière naturelle de
la raison humaine (cf. Cc. Vatican I: DS 3026).
§48
Nous pouvons réellement nommer Dieu en partant des multiples perfections des
créatures, similitudes du Dieu infiniment parfait, même si notre langage limité
n'en épuise pas le mystère.
§49
«La créature sans le Créateur s'évanouit» (GS 36). Voilà
pourquoi les croyants se savent pressés par l'amour du Christ d'apporter la
lumière du Dieu vivant à ceux qui l'ignorent ou le refusent.
DIEU A LA RENCONTRE DE L'HOMME
§50
Par la raison naturelle,
l'homme peut connaître Dieu avec certitude à partir de ses oeuvres. Mais il
existe un autre ordre de connaissance que l'homme ne peut nullement atteindre
par ses propres forces, celui de la Révélation divine (cf. Cc. Vatican I:
DS 3015). Par une décision tout à fait libre, Dieu se révèle et se donne à
l'homme. Il le fait en révélant son mystère, son dessein bienveillant qu'Il a
formé de toute éternité dans le Christ en faveur de tous les hommes. Il révèle
pleinement son dessein en envoyant son Fils bien-aimé, notre Seigneur
Jésus-Christ, et l'Esprit Saint.
La Révélation de Dieu
I. Dieu révèle son «dessein bienveillant»
§51
«Il a plu à Dieu
dans sa sagesse et sa bonté de se révéler en personne et de faire connaître le mystère
de sa volonté grâce auquel les hommes, par le Christ, le Verbe fait chair,
accèdent dans l'Esprit Saint auprès du Père et sont rendus participants de la
nature divine» (DV 2).
§52
Dieu qui «habite
une lumière inaccessible» (1 Tm 6, 16) veut communiquer sa propre
vie divine aux hommes librement créés par Lui, pour en faire, dans son Fils
unique, des fils adoptifs (cf. Ep 1, 4-5). En se révélant Lui-même, Dieu veut
rendre les hommes capables de Lui répondre, de Le connaître et de L'aimer bien
au-delà de tout ce dont ils seraient capables d'eux-mêmes.
§53
Le dessein divin de la
Révélation se réalise à la fois «par des actions et par des paroles,
intimement liées entre elles et s'éclairant mutuellement» (DV 2). Il
comporte une «pédagogie divine» particulière: Dieu
se communique graduellement à l'homme, Il le prépare par étapes à accueillir la
Révélation surnaturelle qu'Il fait de lui-même et qui va culminer dans la
Personne et la mission du Verbe incarné, Jésus-Christ.
S. Irénée de Lyon parle à maintes reprises de cette pédagogie divine sous l'image de l'accoutumance mutuelle entre Dieu et l'homme: «Le Verbe de Dieu a habité dans l'homme et s'est fait Fils de l'homme pour accoutumer l'homme à saisir Dieu et accoutumer Dieu à habiter dans l'homme, selon le bon plaisir du Père» (Haer. 3, 20, 2; cf. par exemple 3, 17, 1; 4, 12, 4; 4, 21, 3).
II. Les étapes de la Révélation
Dès l'origine, Dieu se fait connaître
§54
«Dieu qui a créé
et conserve toutes choses par le Verbe, donne aux hommes dans les choses créées
un témoignage incessant sur Lui-même; voulant de plus ouvrir la voie d'un
salut supérieur, Il se manifesta aussi Lui-même, dès l'origine, à nos premiers
parents» (DV 3) Il les a invités à une communion intime avec
Lui-même en les revêtant d'une grâce et d'une justice resplendissantes.
§55
Cette Révélation n'a pas été
interrompue par le péché de nos premiers parents. Dieu, en effet, «après
leur chute leur promit une rédemption, leur rendit courage en les faisant
espérer le salut; sans arrêt, Il montra sa sollicitude pour le genre
humain, afin de donner la vie éternelle à tous ceux qui par la constance dans
le bien cherchent le salut» (DV 3).
Comme il avait perdu ton amitié en se détournant de Toi, tu ne l'as pas abandonné au pouvoir de la mort. (...) Tu as multiplié les alliances avec eux (MR, prière eucharistique IV, 118).
L'alliance avec Noé
§56
Une fois l'unité du genre
humain morcelée par le péché, Dieu cherche tout d'abord à sauver l'humanité en
passant par chacune de ses parties. L'alliance avec Noé d'après le déluge (cf.
Gn 9, 9) exprime le principe de l'Économie divine envers les
«nations», c'est-à-dire envers les hommes regroupés
«d'après leurs pays, chacun selon sa langue, et selon leurs
clans» (Gn 10, 5; cf. 10, 20-31).
§57
Cet ordre à la fois
cosmique, social et religieux de la pluralité des nations (cf. Ac 17, 26-27)
est destiné à limiter l'orgueil d'une humanité déchue qui, unanime dans sa
perversité (cf. Sg 10, 5), voudrait faire par elle-même son unité à la manière
de Babel (cf. Gn 11, 4-6). Mais, à cause du péché (cf. Rm 1, 18-25), le
polythéisme ainsi que l'idolâtrie de la nation et de son chef menacent sans
cesse d'une perversion païenne cette économie provisoire.
§58
L'alliance avec Noé est en
vigueur tant que dure le temps des nations (cf. Lc 21, 24), jusqu'à la
proclamation universelle de l'Évangile. La Bible vénère quelques grandes
figures des «nations», tels qu' «Abel le
juste», le roi-prêtre Melchisédech (cf. Gn 14, 18), figure du Christ
(cf. He 7, 3) ou les justes «Noé, Daniel et Job» (Ez 14,
14). Ainsi, l'Écriture exprime quelle hauteur de sainteté peuvent atteindre
ceux qui vivent selon l'alliance de Noé dans l'attente que le Christ
«rassemble dans l'unité tous les enfants de Dieu
dispersés» (Jn 11, 52)
Dieu élit Abraham
§59
Pour rassembler l'humanité
dispersée, Dieu élit Abram en l'appelant «hors de son pays, de sa
parenté et de sa maison» (Gn 12, 1), pour faire de lui Abraham,
c'est-à-dire «le père d'une multitude de nations» (Gn 17,
5): «En toi seront bénies toutes les nations de la
terre» (Gn 12, 3 LXX; cf. Ga 3, 8).
§60
Le peuple issu d'Abraham
sera le dépositaire de la promesse faite aux patriarches, le peuple de
l'élection (cf. Rm 11, 28), appelé à préparer le rassemblement, un jour, de
tous les enfants de Dieu dans l'unité de l'Église (cf. Jn 11, 52; 10,
16); il sera la racine sur laquelle seront greffés les païens devenus
croyants (cf. Rm 11, 17-18. 24).
§61
Les patriarches et les
prophètes et d'autres personnages de l'Ancien Testament ont été et seront
toujours vénérés comme saints dans toutes les traditions liturgiques de
l'Église.
Dieu forme son peuple Israël
§62
Après les patriarches, Dieu
forma Israël comme son peuple en le sauvant de l'esclavage de l'Égypte. Il
conclut avec lui l'Alliance du Sinaï et lui donna, par Moïse, sa Loi, pour
qu'il Le reconnaisse et Le serve comme le seul Dieu vivant et vrai, Père
provident et juste juge, et qu'il attende le Sauveur promis (cf. DV 3).
§63
Israël est le Peuple
sacerdotal de Dieu (cf. Ex 19, 6), celui qui «porte le nom du
Seigneur» (Dt 28, 10). C'est le peuple de ceux «à qui
Dieu a parlé en premier» (MR, Vendredi Saint 13: oraison
universelle VI), le peuple des «frères aînés» dans la foi
d'Abraham (cf. Jean-Paul II, allocution dans la synagogue de Rome [13 avril
1986], 4).
§64
Par les prophètes, Dieu
forme son peuple dans l'espérance du salut, dans l'attente d'une Alliance
nouvelle et éternelle destinée à tous les hommes (cf. Is 2, 2-4), et qui sera
inscrite dans les coeurs (cf. Jr 31, 31-34; He 10, 16). Les prophètes
annoncent une rédemption radicale du Peuple de Dieu, la purification de toutes
ses infidélités (cf. Ez 36), un salut qui incluera toutes les nations (cf. Is
49, 5-6; 53, 11). Ce seront surtout les pauvres et les humbles du
Seigneur (cf. So 2, 3) qui porteront cette espérance. Les femmes saintes comme
Sara, Rébecca, Rachel, Miryam, Débora, Anne, Judith et Esther, ont conservé
vivante l'espérance du salut d'Israël. La figure la plus pure en est Marie (cf.
Lc 1, 38).
III Le Christ Jésus «Médiateur et Plénitude de toute la Révélation» (DV 2)
Dieu a tout dit en son Verbe
§65
«Après avoir, à
bien des reprises et de bien des manières, parlé par les prophètes, Dieu en ces
jours qui sont les derniers, nous a parlé par son Fils» (He 1, 1-2).
Le Christ, le Fils de Dieu fait homme, est la Parole unique, parfaite et
indépassable du Père. En Lui Il dit tout, et il n'y aura pas d'autre parole que
celle-là. S. Jean de la Croix, après tant d'autres, l'exprime de façon
lumineuse, en commentant He 1, 1-2:
Dès lors qu'Il nous a donné son Fils, qui est sa Parole, Dieu n'a pas d'autre parole à nous donner. Il nous a tout dit à la fois et d'un seul coup en cette seule Parole et il n'a rien de plus à dire; car ce qu'Il disait par parties aux prophètes, Il l'a dit tout entier dans son Fils, en nous donnant ce tout qu'est son Fils. Voilà pourquoi celui qui voudrait maintenant l'interroger, ou désirerait une vision ou une révélation, non seulement ferait une folie, mais ferait injure à Dieu, en ne jetant pas les yeux uniquement sur le Christ, sans chercher autre chose ou quelque nouveauté (Carm. 2, 22, 3-5).
Il n'y aura plus d'autre Révélation
§66
«L'Économie
chrétienne, étant l'Alliance Nouvelle et définitive, ne passera donc jamais et
aucune nouvelle révélation publique n'est dès lors à attendre avant la
manifestation glorieuse de notre Seigneur Jésus-Christ» (DV 4).
Cependant, même si la Révélation est achevée, elle n'est pas complètement
explicitée; il restera à la foi chrétienne d'en saisir graduellement
toute la portée au cours des siècles.
§67
Au fil des siècles il y a eu des
révélations dites «privées», dont certaines ont été reconnues
par l'autorité de l'Église. Elles n'appartiennent cependant pas au dépôt de la
foi. Leur rôle n'est pas d' «améliorer» ou de
«compléter» la Révélation définitive du Christ, mais
d'aider à en vivre plus pleinement à une certaine époque de l'histoire. Guidé
par le Magistère de l'Église, le sens des fidèles sait discerner et accueillir
ce qui dans ces révélations constitue un appel authentique du Christ ou de ses
saints à l'Église.
La foi chrétienne ne peut pas accepter des «révélations» qui prétendent dépasser ou corriger la Révélation dont le Christ est l'achèvement. C'est le cas de certaines religions non chrétiennes et aussi de certaines sectes récentes qui se fondent sur de telles «révélations».
EN BREF
§68
Par amour, Dieu s'est révélé et s'est
donné à l'homme. Il apporte ainsi une réponse définitive et surabondante aux
questions que l'homme se pose sur le sens et le but de sa vie.
§69
Dieu s'est révélé à l'homme en lui communiquant graduellement son propre mystère par des
actions et par des paroles.
§70
Au delà du témoignage que Dieu donne de Lui-même dans les choses créées, Il
s'est manifesté Lui-même à nos premiers parents. Il leur a parlé et, après la chute,
leur a promis le salut (cf. Gn 3, 15) et leur a offert son alliance.
§71
Dieu conclut avec Noé une alliance éternelle entre Lui et tous les êtres
vivants (cf. Gn 9, 16). Elle durera tant que dure le monde.
§72
Dieu a élu Abraham et a conclu une alliance avec lui et sa descendance. Il en a
formé son peuple auquel il a révélé sa loi par Moïse. Il l'a préparé par les
prophètes à accueillir le salut destiné à toute l'humanité.
§73
Dieu s'est révélé pleinement en envoyant son propre Fils en qui Il a établi son
Alliance pour toujours. Celui-ci est la Parole définitive du Père, de sorte
qu'il n'y aura plus d'autre Révélation après Lui.
La transmission de la Révélation divine
§74
Dieu «veut que
tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la
vérité» (1 Tm 2, 4), c'est-à-dire du Christ Jésus (cf. Jn 14, 6). Il
faut donc que le Christ soit annoncé à tous les peuples et à tous les hommes et
qu'ainsi la Révélation parvienne jusqu'aux extrémités du monde:
Cette Révélation donnée pour le salut de toutes les nations, Dieu, avec la même bienveillance, prit des dispositions pour qu'elle demeurât toujours en son intégrité et qu'elle fût transmise à toutes les générations (DV 7).
I. La Tradition apostolique
§75
«Le Christ
Seigneur en qui s'achève toute la Révélation du Dieu très haut, ayant accompli
Lui-même et proclamé de sa propre bouche l'Évangile d'abord promis par les
prophètes, ordonna à ses apôtres de le prêcher à tous comme la source de toute
vérité salutaire et de toute règle morale en leur communiquant les dons
divins» (DV 7).
La prédication apostolique...
§76
La transmission de
l'Évangile, selon l'ordre du Seigneur, s'est faite de deux manières:
Oralement «par les apôtres, qui, dans la prédication orale, dans les exemples et les institutions transmirent, soit ce qu'ils avaient appris de la bouche du Christ en vivant avec Lui et en Le voyant agir, soit ce qu'ils tenaient des suggestions du Saint-Esprit «;
Par écrit «par ces apôtres et par des hommes de leur entourage, qui, sous l'inspiration du même Esprit Saint, consignèrent par écrit le message de salut» (DV 7).
... continuée dans la succession apostolique
§77
«Pour que
l'Évangile fût toujours gardé intact et vivant dans l'Église, les apôtres
laissèrent comme successeurs les évêques, auxquels ils 'transmirent leur propre
charge d'enseignement'» (DV 7). En effet, «la prédication
apostolique, qui se trouve spécialement exprimée dans les livres inspirés,
devait être conservée par une succession ininterrompue jusqu'à la consommation
des temps» (DV 8).
§78
Cette transmission vivante,
accomplie dans l'Esprit Saint, est appelée la Tradition en tant que distincte
de la Sainte Écriture, quoique étroitement liée à elle. Par elle,
«l'Église perpétue dans sa doctrine, sa vie et son culte et elle
transmet à chaque génération tout ce qu'elle est elle-même, tout ce qu'elle
croit» (DV 8). «L'enseignement des saints Pères atteste
la présence vivifiante de cette Tradition, dont les richesses passent dans la
pratique et la vie de l'Église qui croit et qui prie» (DV 8).
§79
Ainsi, la communication que
le Père a faite de Lui-même par son Verbe dans l'Esprit Saint, demeure présente
et agissante dans l'Église: «Dieu qui parla jadis ne cesse de
converser avec l'Épouse de son Fils bien-aimé, et l'Esprit Saint, par qui la
voix vivante de l'Évangile retentit dans l'Église et par elle dans le monde,
introduit les croyants dans la vérité tout entière et fait que la parole du
Christ habite en eux avec abondance» (DV 8).
II. Le rapport entre la Tradition et l'Écriture Sainte
Une source commune...
§80
«Elles sont
reliées et communiquent étroitement entre elles. Car toutes deux jaillissent
d'une source divine identique, ne forment pour ainsi dire qu'un tout et tendent
à une même fin» (DV 9). L'une et l'autre rendent présent et fécond
dans l'Église le mystère du Christ qui a promis de demeurer avec les siens
«pour toujours, jusqu'à la fin du monde» (Mt 28, 20).
... deux modes distincts de transmission
§81
«La Sainte Écriture
est la parole de Dieu en tant que, sous l'inspiration de l'Esprit divin, elle
est consignée par écrit.»
«Quant à la sainte Tradition, elle porte la parole de Dieu, confiée par le Christ Seigneur et par l'Esprit Saint aux apôtres, et la transmet intégralement à leurs successeurs, pour que, illuminés par l'Esprit de vérité, en la prêchant, ils la gardent, l'exposent et la répandent avec fidélité» (DV 9).
§82
Il en résulte que l'Église à
laquelle est confiée la transmission et l'interprétation de la Révélation,
«ne tire pas de la seule Écriture Sainte sa certitude sur tous les
points de la Révélation. C'est pourquoi l'une et l'autre doivent être reçues et
vénérées avec égal sentiment d'amour et de respect» (Ibid).
Tradition apostolique et traditions ecclésiales
§83
La Tradition dont nous parlons
ici vient des apôtres et transmet ce que ceux-ci ont reçu de l'enseignement et
de l'exemple de Jésus et ce qu'ils ont appris par l'Esprit Saint. En effet, la
première génération de chrétiens n'avait pas encore un Nouveau Testament écrit,
et le Nouveau Testament lui-même atteste le processus de la Tradition vivante.
Il faut en distinguer les «traditions» théologiques, disciplinaires, liturgiques ou dévotionnelles nées au cours du temps dans les Églises locales. Elles constituent des formes particulières sous lesquelles la grande Tradition reçoit des expressions adaptées aux divers lieux et aux diverses époques. C'est à sa lumière que celles-ci peuvent être maintenues, modifiées ou aussi abandonnées sous la conduite du Magistère de l'Église.
III. L'interprétation de l'héritage de la foi
L'héritage de la foi confié à la totalité de l'Église
§84
«L'héritage
sacré» (cf. 1 Tm 6, 20; 2 Tm 1, 12-14) de la foi (depositum
fidei), contenu dans la Sainte Tradition et dans l'Écriture Sainte a été
confié par les apôtres à l'ensemble de l'Église. «En s'attachant à
lui le peuple saint tout entier uni à ses pasteurs reste assidûment fidèle à
l'enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain
et aux prières, si bien que, dans le maintien, la pratique et la confession de
la foi transmise, s'établit, entre pasteurs et fidèles, une singulière unité
d'esprit» (DV 10).
Le Magistère de l'Église
§85
«La charge
d'interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise, a
été confiée au seul Magistère vivant de l'Église dont l'autorité s'exerce au
nom de Jésus-Christ» (DV 10), c'est-à-dire aux évêques en communion
avec le successeur de Pierre, l'évêque de Rome.
§86
«Pourtant, ce
Magistère n'est pas au-dessus de la parole de Dieu, mais il la sert,
n'enseignant que ce qui fut transmis, puisque par mandat de Dieu, avec
l'assistance de l'Esprit Saint, il écoute cette Parole avec amour, la garde
saintement et l'expose aussi avec fidélité, et puise en cet unique dépôt de la
foi tout ce qu'il propose à croire comme étant révélé par Dieu» (DV
10).
§87
Les fidèles, se souvenant de
la parole du Christ à ses apôtres: «Qui vous écoute,
m'écoute» (Lc 10, 16; cf. LG 20), reçoivent avec docilité les
enseignements et directives que leurs pasteurs leur donnent sous différentes
formes.
Les dogmes de la foi
§88
Le Magistère de l'Église
engage pleinement l'autorité reçue du Christ quand il définit des dogmes,
c'est-à-dire quand il propose, sous une forme obligeant le peuple chrétien à
une adhésion irrévocable de foi, des vérités contenues dans la Révélation divine
ou bien quand il propose de manière définitive des vérités ayant avec celles-là
un lien nécessaire.
§89
Il existe un lien organique
entre notre vie spirituelle et les dogmes. Les dogmes sont des lumières sur le
chemin de notre foi, ils l'éclairent et le rendent sûr. Inversement, si notre
vie est droite, notre intelligence et notre coeur seront ouverts pour accueillir
la lumière des dogmes de la foi (cf. Jn 8, 31-32).
§90
Les liens mutuels et la cohérence des dogmes peuvent être trouvés dans l'ensemble de
la Révélation du mystère du Christ (cf. Cc. Vatican I: DS 3016: «nexus mysteriorum»;
LG 25). Il faut, en effet, se rappeler que «la diversité de leurs rapports avec les
fondements de la foi chrétienne marque un ordre ou une 'hiérarchie' des vérités de la
doctrine catholique» (UR 11).
Le sens surnaturel de la foi
§91
Tous les fidèles ont part à
la compréhension et à la transmission de la vérité révélée. Ils ont reçu
l'onction de l'Esprit Saint qui les instruit (cf. 1 Jn 2, 20. 27) et les
conduit vers la vérité toute entière (cf. Jn 16, 13).
§92
«L'ensemble des
fidèles (...) ne peut se tromper dans la foi et manifeste cette qualité par le
moyen du sens surnaturel de la foi qui est celui du peuple tout entier,
lorsque, 'des évêques jusqu'au dernier des fidèles laïcs', il apporte aux
vérités concernant la foi et les moeurs un consentement universel»
(LG 12).
§93
«Grâce en effet à
ce sens de la foi qui est éveillé et soutenu par l'Esprit de vérité, et sous la
conduite du Magistère sacré, (...) le Peuple de Dieu s'attache indéfectiblement
à la foi transmise aux saints une fois pour toutes, il y pénètre plus
profondément en l'interprétant comme il faut et dans sa vie la met plus
parfaitement en oeuvre» (LG 12).
La croissance dans l'intelligence de la foi
§94
Grâce à l'assistance du
Saint-Esprit, l'intelligence tant des réalités que des paroles de l'héritage de
la foi peut croître dans la vie de l'Église:
-- «Par la contemplation et l'étude des croyants qui les méditent en leur coeur» (DV 8); c'est en particulier «la recherche théologique qui approfondit la connaissance de la vérité révélée» (GS 62, § 7; cf. 44, § 2; DV 23; 24; UR 4).
-- «Par l'intelligence intérieure que les croyants éprouvent des choses spirituelles» (DV 8); «les divines paroles et celui qui les lit grandissent ensemble» (S. Grégoire le Grand, hom. Ez. 1, 7, 8: PL 76, 843D).
-- «Par la prédication de ceux qui, avec la succession épiscopale, reçurent un charisme certain de la vérité» (DV 8).
§95
«Il est donc
clair que la Sainte Tradition, la Sainte Écriture et le Magistère de l'Église,
par une très sage disposition de Dieu, sont tellement reliés et solidaires entre
eux qu'aucune de ces réalités ne subsiste sans les autres, et que toutes
ensemble, chacune à sa façon, sous l'action du seul Esprit Saint, contribuent
efficacement au salut des âmes» (DV 10, § 3).
EN BREF
§96
Ce que le Christ a confié aux apôtres,
ceux-ci l'ont transmis par leur prédication et par écrit, sous l'inspiration de
l'Esprit Saint, à toutes les générations, jusqu'au retour glorieux du Christ.
§97
«La Sainte Tradition et la Sainte Écriture constituent un unique
dépôt sacré de la parole de Dieu» (DV 10) en lequel, comme dans un
miroir, l'Église pérégrinante contemple Dieu, source de toutes ses richesses.
§98
«Dans sa doctrine, sa vie et son culte, l'Église perpétue et
transmet à chaque génération tout ce qu'elle est elle-même, tout ce qu'elle
croit» (DV 8).
§99
Grâce à son sens surnaturel de la foi, le Peuple de Dieu tout entier ne cesse
d'accueillir le don de la Révélation divine, de le pénétrer plus profondément
et d'en vivre plus pleinement.
Catéchisme de l'Église catholique © Libreria Editrice Vaticana 1992.
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