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De la rectitude politique à la rectitude catholique

Lucien Pissarro. L'église à Gisors.
(Lucien Pissarro. L'église à Gisors. Source)

Note: Ce texte de M. Gilles BARIBEAU est paru dans l'édition du 13 août 2002 du journal Le Soleil.

Il est de bon aloi dans les conversations de bureau ou de salon, de s'en tenir aux idées généralement admises et aux clichés habituels, afin d'éviter les confrontations et débats sur des opinions contraires et donc forcément minoritaires. Et voilà que maintenant ce virus bon chic bon genre du politiquement correct est en train de s'implanter de façon insidieuse chez des gens qui osent encore se prétendre catholiques en s'affichant avec la nouvelle mentalité du catholiquement correct.

Le catalogue de la rectitude catholique est bien garni et, chose étrange, il ressemble à s'y méprendre à celui de la rectitude politique. Je le présente sous la forme des préceptes du décalogue :

1) Tu t'opposeras systématiquement à toutes les directives en provenance de Rome.

2) Tu considéreras les actes homosexuels comme parfaitement normaux.

3) Tu accepteras l'avortement comme une décision laissée au libre choix de la femme.

4) Tu ne parleras plus du péché mais simplement de manques d'amour. Ainsi, l'aveu privé des fautes à un prêtre ne sera plus nécessaire.

5) Tu ne manqueras pas de ridiculiser les prêtres qui portent encore le col romain et les religieuses qui s'affichent toujours avec un vêtement distinctif.

6) Tu feras campagne pour l'abolition du célibat chez les prêtres et pour l'accès des femmes au sacerdoce.

7) Tu ne parleras plus de chasteté mais de liberté en matière sexuelle.

8) Tu ne considéreras plus la messe dominicale comme sacrement de la présence du Christ parmi nous mais plutôt comme l'occasion d'un repas symbolique de la communauté rassemblée autour de son pasteur.

9) Tu n'hésiteras pas à dissoudre le mariage qui t'empêche de t'épanouir et d'assouvir ta passion dans les bras d'une autre personne que celle réservée dans l'union sacrée.

10) Tu n'encombreras pas ta vie de trop d'enfants qui pourraient nuire au développement de ta carrière professionnelle.

Ce nouveau code de conduite s'impose de plus en plus comme la norme pratique à un point tel que des fidèles qui, comme moi et bien d'autres, obéissant encore aux directives de Rome, sont considérés comme vieux jeu et coupés de la réalité contemporaine. Ces personnes qui respectent toujours l'enseignement traditionnel de l'Église et veulent en témoigner ont de plus en plus maille à partir avec bon nombre de curés et d'évêques complaisants qui n'en ont que pour le courant libéral. Ce libéralisme en matière religieuse, qui suit de près le libéralisme en matière politique et économique, risque à moyen terme de rayer le catholicisme du paysage religieux d'un Québec dont la décadence morale est l'une des plus tragiques du monde occidental. Mais, pire encore, ce courant libéral corrosif est en voie de provoquer une autre déchirure dans l'Église, après celles tant douloureuses de l'orthodoxie et du protestantisme. La seule personne à pouvoir éviter cette troisième rupture sanglante est nulle autre que Jean-Paul II. De là son acharnement à vouloir rester en poste jusqu'à son dernier souffle. Je ne vois pas poindre à l'horizon un autre homme dont la personnalité sera assez forte pour maintenir sous le même parapluie les forces opposées des conservateurs et des libéraux à l'intérieur de l'Église catholique. Mais l'Esprit Saint n'a pas dit son dernier mot.

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