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Parlez-vous le «catholais»?

René Magritte. La Lectrice soumise.
«Oh non, un livre écrit en catholais!»
(René Magritte. La Lectrice soumise. Source)

1) Introduction

Certaines personnes sont capables de parler en anglais ou en français. De nos jours, il faudrait presque rajouter une nouvelle langue: le «catholais», la langue officielle des évêques et des prêtres qui ont honte des enseignements de leur propre Église. En effet, certains documents du Vatican et du diocèse de Québec sont écrits dans une langue qui n'est certainement pas le bon vieux français clair et concis. (Voir par exemple le Compendium de la doctrine sociale de l'Église, ou la Première lettre pastorale du Cardinal Ouellet, etc.).

Décrire comment se faire une sandwich au beurre d'arachides et au miel, mais en parlant le «catholais», ressemblerait à ceci:

L'entité affamée qui crée la sandwich ne doit pas être instrumentalisée comme mangeur. Il ou elle est un sujet autonome et relationnel qui est ouvert au Transcendant. La section verticale du pain constitue l'espace de dialogue où le beurre d'arachide doit pouvoir exprimer son identité culturelle pluraliste et multidisciplinaire. Par contre, comme l'enseigne le Concile Vatican II dans «Gaudium et Spes», aucun des ingrédients ne doit être favorisé au détriment des autres. Le beurre d'arachides et le miel doivent maintenir leurs identités distinctes, tout en s'enrichissant mutuellement par leurs valeurs dans un climat de coopération, de solidarité et de dialogue fraternel.

Si vous trouvez ça drôle, profitez-en. C'est moins drôle quand on passe ses journées à tenter de déchiffrer des livres entiers écrits comme ça.

2) Quelques caractéristiques du catholais

Je ne suis ni linguiste, ni critique littéraire, mais selon moi le «catholais» a tendance à être vaseux, abstrait, dilaté, inclusif, glissant, aveuglément positif, entrelardé de mots-bouillotte, etc.:

2.1) Vaseux. Devant un problème pressant ou une tâche pratique à exécuter, un document écrit en «catholais» va immédiatement se réfugier dans une dissertation sur les «fondements théologiques», plutôt que d'expliquer qui doit faire quoi, et comment.

2.2) Abstrait. Autant Jésus parlait de brebis perdues, de bon samaritains, de graines de moutarde, autant les documents écrits en «catholais» évitent comme la peste les exemples concrets et les métaphores pédagogiques.

2.3) Dilaté. Pitié! Abrégez!

2.4) Inclusif. C'est très bien de vouloir combattre le sexisme, et de mentionner explicitement les femmes nos soeurs. Mais ça devient parfois lourd, sinon ridicule. Voir aussi ma Considération juridique N° 15.

2.5) Glissant. Les grosses affirmations importantes sont souvent accompagnées de petites portes de sortie, permettant d'affirmer exactement le contraire.

2.6) Aveuglément positif. Quand on parle en «catholais», tous les mots négatifs sont interdits. Les pires péchés, s'ils ont été commis par des prêtres ou des évêques, sont passés sous silence. Et les comportements sociaux les plus férocement anti-chrétiens sont décrits comme s'ils étaient mignons et gages d'une belle amitié entre l'Église et l'État.

2.7) Entrelardé de mots-bouillotte. Par exemple: la «solidarité», le «dialogue», les «valeurs», le «pluralisme», l'«inculturation», etc.

Etc., etc...

3) Conclusion

Comment devrait-on parler? Écoutons le témoignage d'un grand expert de la communication: Satan. Apparemment, une possédée aurait dit au sujet du curé d'Ars:

Pourquoi prêches-tu si simplement? Pourquoi ne prêches-tu pas en grand comme dans les villes? Ah! Comme je me plais à ces grands sermons qui ne gênent personne!

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