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Les «funérailles de canonisation»

L'extrême-onction.
L'extrême-onction.
[Source]

Si vous n'êtes pas en train de rire après avoir lu le titre de ce Sermon perdu, vous n'êtes pas catholique, ou vous ne connaissez pas très bien votre religion.

L'Église catholique a été fondée par Jésus-Christ pour que ses enseignements divins puissent être transmis fidèlement à tous les hommes. En d'autres mots, l'Église catholique a reçu la mission d'expliquer aux hommes comment se rendre au Ciel. Mais «expliquer quelque chose» peut se faire de deux manières: (1) avec des dissertations endormantes et ennuyeuses; ou (2) avec des exemples vivants et intéressants. C'est une des principales raisons pour laquelle l'Église «canonise» les saints: ils sont des modèles de comportement qu'on peut imiter pour aller au Ciel.

L'Église a d'autres raisons pour canoniser les saints, qu'on ne va mentionner ici qu'en passant: (1) pour qu'on puisse les aimer, et ainsi en venir à aimer Dieu encore plus (car Dieu est admirable dans ses saints et glorifiés par eux); (2) pour qu'on puisse demander leur intercession, puisqu'ils sont de puissants avocats pour nous; (3) pour qu'on soit inspiré par leur héroïsme (un peu comme: «Si ma grande soeur peut manger toute une assiettée de brocoli, je peux certainement en manger trois cuillerées!») [Lumen Gentium, N° 50].

Le processus de canonisation lui-même est amorcé par l'évêque du lieu. Entre autres choses, il faut que:

1) Tous les écrits doivent être examinés. Les livres, lettres, journaux, etc., écrits par la personne doivent être examinés par des «censeurs théologiques» pour s'assurer qu'ils ne contiennent pas d'erreurs doctrinales ou morales. Si nécessaire, il doivent être traduits, et des copies doivent être envoyées à Rome.

2) Des témoins fiables doivent être questionnés. Plusieurs règles dictent qui ces témoins peuvent être, comment et quand on doit les interroger, qui va les interroger, etc. Des transcriptions doivent aussi être expédiées à Rome.

3) Tout prétendu miracle doit être examiné. Par exemple, si quelqu'un prétend qu'il a été guéri, des médecins experts doivent examiner cette prétention. Une fois de plus, des transcriptions sont envoyées à Rome.

4) La sacré congrégation pour les causes des saints doit tout examiner. Une fois que l'évêque a fait l'enquête initiale, Rome s'occupe du reste. Ici, d'autres règles et procédures expliquent comment les divers comités consultatifs, experts, historiens, etc., doivent travailler et voter sur la cause. D'autres enquêtes seront peut être nécessaires.

5) Éventuellement, le Pape décide. La «béatification» signifie que la personne est au Ciel, la «canonisation» signifie que non seulement elle est au Ciel, mais qu'elle a versé son sang pour la foi, ou pratiqué les vertus à un niveau héroïque.

Toute cette démarche peut prendre des centaines d'années! Une des raisons pour laquelle cette démarche est longue et compliquée est parce qu'il est si important de choisir de bons modèles de comportement!

Maintenant, comparez ceci avec ce qui se produit malheureusement fort souvent dans nos églises au Québec. Le défunt est souvent quelqu'un qui a tout fait pour éliminer le catholicisme de sa vie, à part étrangler le Pape de ses propres mains! Il n'a jamais été à la messe, a vécu publiquement d'une manière incompatible avec les enseignements du Christ, et ne croyait pas les dogmes et les vérités de morale qu'il faut croire pour être catholique. Et bien sûr, le défunt ne s'est pas converti sur son lit de mort, pour recevoir les sacrements de la Confession, de l'Eucharistie et de l'Onction des malades.

Une fois le cercueil rendu dans l'église, on ne saurait jamais que cette personne n'avait rien à voir avec le catholicisme. Le prêtre parle comme si elle était déjà au Ciel. L'éloge funèbre décrit une vie remplie de tant de vertus que Mère Térésa serait jalouse! Et bien sûr, tout cette démarche de canonisation se produit instantanément, sans paperasserie!

Mais même pour les vrais saints, l'Église dit que : «Il est interdit de faire dans une église une célébration solennelle ou discours panégyrique pour un servant de Dieu dont la sainteté de vie est encore légitimement sous enquête.» [Nouvelles normes pour les causes des saints, N° 36]. Pour les vrais pécheurs, l'Église (Code de droit canonique) dit qu'il n'est peut-être même pas permis de leur accorder des funérailles ecclésiastiques:

Canon 1184:

§ 1. Doivent être privés des funérailles ecclésiastiques, à moins qu'ils n'aient donné quelque signe de pénitence avant leur mort:

1) les apostats, hérétiques et schismatiques notoires;

2) les personnes qui auraient choisi l'incinération de  leur propre corps pour des raisons contraires à la foi chrétienne;

3)  les autres pécheurs manifestes, auxquels les funérailles ecclésiastiques ne peuvent être accordées sans scandale public des fidèles.

§ 2. Si quelque doute surgit, l'Ordinaire du lieu, au jugement duquel il faudra s'en tenir, sera consulté.

Canon 1185:

Toute messe d'obsèques doit être aussi refusée à la personne exclue des funérailles ecclésiastiques.

Est-ce que ceci veut dire que l'Église déteste les pécheurs? Devrait-on remplacer les «funérailles de canonisation» par des «Tribunaux de damnation»? Bien sûr que non! Mais il semble qu'on devrait faire plus attention durant les funérailles:

1) Éviter d'affirmer à la légère que le défunt «est retourné vers le Père». Nous devons prier Dieu et avoir confiance en sa miséricorde, mais pas déposséder Dieu de sa Justice.

2) Prier Dieu pour qu'il pardonne les péchés du défunt. Même les plus grands saints disaient qu'ils étaient des pécheurs et qu'ils avaient besoin du pardon de Dieu. Il n'y a rien de mal à demander à Dieu de pardonner les péchés du défunt durant des funérailles.

3) Éviter les éloges funèbres à dormir debout. Pour commencer, les laïcs ne peuvent jamais dire l'homélie. Deuxièmement, même les prêtres qui prononcent une éloge funèbre durant la messe ne devraient pas «pré-canoniser» qui que ce soit, ou faire une homélie digne d'un conte de fées.

Certains prêtres, lorsqu'on devrait refuser des funérailles ecclésiastiques à quelqu'un, inventent un échappatoire appelé «Liturgie de la parole». En gros, ils décapitent la messe en arrachant l'Eucharistie, ainsi que tous les autres éléments «offensants» pour les non-catholiques, incluant la Vierge Marie, le Pape, et bien sûr tous les passages de la Bible où Jésus parle très explicitement de l'Enfer, du péché, du Jugement dernier, etc.

Ces mauvais prêtres, après avoir créé cette «Liturgie de la parole censurée», prétendent que puisque ce n'est plus une messe, ils peuvent accepter un défunt inacceptable dans leur église et leur cimetière! C'est comme peindre le feux rouge à l'intersection avec de la peinture verte, et passer tout droit! «Mais monsieur l'agent, elle était verte!», diraient-ils, mais un jour Dieu va peut-être mettre une grosse affiche disant «Ciel» à la porte de l'Enfer, pour ensuite les précipiter dedans!

Lorsque l'Église refuse les funérailles ecclésiastiques à quelqu'un, elle ne le fait pas pour punir le défunt. (Elle ne le pourrait pas, même si elle voulait, car après la mort Dieu a déjà envoyé cette personne au Ciel, en Enfer ou au Purgatoire). L'Église refuse des funérailles ecclésiastiques par amour pour ses enfants. Une fois qu'on est mort, on ne peut pas regretter ses péchés, ou se convertir à Dieu. Mais si on est encore en vie, on peut revenir à Jésus! C'est pourquoi l'Église refuse les funérailles ecclésiastiques à certaines personnes: pour donner un choc salutaire à tous les autres qui sont encore en vie! La famille du défunt pourra être très fâchée, mais une bonne mère tire toujours ses enfants loin du danger, même si ses enfants la griffent et la mordent.

En éliminant le cirque des «funérailles de canonisation», nous augmenterons grandement nos chances d'aller vraiment au Ciel!

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