| Accueil >> Sermons perdus

La Dre Pia Francesca de Solenni offre beaucoup de matière à réflexion sur le féminisme

Philippe de Champaigne. L'Annonciation.
(Philippe de Champaigne. L'Annonciation. [Source])

Par Mme Doris Gagnon (née Germain). Paru à l'origine sur son blogue Sentinelle de l'invisible.

Au cours de la semaine dernière, j'ai assisté à deux événements qui semblent être diamétralement opposés, mais qui ont en fait quelque chose en commun. Le premier de ces événements était la réunion de l'Association étudiante de l'université Carleton du 5 décembre, où une motion fut adoptée voulant que tout groupe s'adonnant à des activités «anti-choix» se verraient refuser la reconnaissance, le financement et l'espace que l'Association met à la disposition des clubs étudiants du campus. Le deuxième était une conférence donnée par la Dre Pia Francesca de Solenni, parrainé par la «Cosmas and Damian Society for Medical Ethics» et le «Ottawa Catholic Physician's Guild», intitulée: «Le véritable sens de la sexualité humaine: L'être vs l'action.»

À la réunion de l'association étudiante, une jeune féministe, voulant défendre son point de vue, a parlé du foetus comme étant un parasite. Ceux qui sont familiers avec le débat sur l'avortement reconnaîtront facilement que cet argument provient des courants les plus radicaux du féminisme. De ce point de vue, le foetus devient un ennemi et l'avortement un droit de la femme. Cette argumentation révèle cependant une conception de l'homme, tant de la femme que de l'enfant à naître, qui est profondément fausse.

C'est ici que la conférence de la Dre de Solenni entre en jeu. Elle démontre clairement que l'enseignement de l'Église présente une anthropologie correcte, qui voit en la femme une porteuse de l'Imago Dei. Selon la Dre de Solenni, qui a beaucoup étudié le féminisme à la lumière de l'anthropologie et la théologie thomiste, un des fruits du féminisme est que nous nous retrouvons dans un train-train d'activisme, parce que nous négligeons l'être. Nous devons apprendre à reconnaître notre essence en tant qu'âmes avec des corps. Ces corps sont soit mâle ou femelle, déterminés dès notre conception. Notre féminité ou masculinité est quelque chose que nous apportons à nos activités. Sainte Jeanne D'Arc a dirigé une armée, mais elle n'était pas pour autant moins féminine. Saint Augustin parlait du coeur humain, mais il n'était pas efféminé. (Note: Si je ne présente pas fidèlement les propos de la Dre de Solenni, j'apprécierais être corrigée. J'écris ceci quelques 48 heures après l'avoir entendue. De toute manière, il y a une entrevue qui donne un aperçu de ce qu'elle enseigne [Interview with Dr. de Solenni].)

Les implications de ce «nouveau féminisme»

Note: Je n'aime pas utiliser des "ismes" pour me référer à la vérité au sujet de l'homme, puisque la vérité est universelle. Je reconnais, par contre, qu'il faut dénoncer les ravages de l'idéologie féministe, et la Dre de Solenni le fait, justement.

Cette conférence de la Dre Pia de Solenni m'a fait ruminer sur le débat entourant l'avortement. Je crois que cette anthropologie thomiste est souvent oubliée et qu'elle serait un apport considérable à la discussion.

Au niveau fondamental, l'avortement est une question qui touche la notion de personne, en particulier, le statut de l'enfant à naître, et j'en conviens, mais c'est aussi une question qui touche la féminité. (Il était intéressant, au cours de la réunion de l'Association étudiante de l'université Carleton, de voir que les pro-choix/féministes ont eu de la difficulté à répondre lorsqu'une jeune femme a demandé aux membres de l'exécutif s'ils s'opposeraient à un groupe qui chercherait à limiter l'avortement pratiqué en vue de sélectionner le sexe de l'enfant, pratique qui vise souvent à éliminer les foetus de sexe féminin.)

Les personnes pro-vie ont raison d'argumenter pour la reconnaissance des droits des enfants à naître en tant qu'hommes, mais tant que les gens ont en tête une anthropologie féministe, qui nie que la maternité, la capacité de porter la vie, est une caractéristique essentielle de la femme, ils mettront les droits de la femme en opposition aux droits des enfants à naître. On peut convaincre une femme que le foetus est une personne humaine à part entière, mais cela n'empêchera pas qu'elle se croie habilitée à en disposer comme bon lui semble, surtout si elle adhère au point de vue d'un féminisme radical qui voit tout dans l'optique d'une lutte des classes entre les sexes (et par extension, entre les femmes et leur progéniture.) Lorsqu'une femme affirme que la vie qui croit en son sein est un parasite [Fetus is a parasite], elle nie en fait sa féminité. Ce n'est qu'en se voyant en tant que porteuse de l'«Imago Dei» qu'une femme peut se libérer de cette lutte et finalement accepter sa propre essence.

Il est capital de faire comprendre ce point aux personnes pro-choix, car tant qu'ils continuent à nier ce qui est essentiel à la femme (par exemple les chromosomes XX, sa féminité dès la conception), il leur sera tout aussi facile de nier que l'enfant à naître est une personne. Aussi, tant qu'elle ne se voit pas comme étant créée à l'image de Dieu, elle continuera à se comporter de façon à se retrouver avec une grossesse non désirée, ce qui la laissera vulnérable aux vautours avorteurs.

C'est, au fond, une crise d'identité et souvent les arguments avancés par les pro-choix reviennent à l'affirmation de leur identité, leur droit à disposer de leur propre corps comme elle l'entendent. Ceci est dû au fait qu'elle ont adopté une vision de l'homme qui nie leur essence fondamentale (en affirmant que le sexe n'est qu'une construction sociale). Il ne leur reste qu'à se satisfaire d'une vague estime de soi et chercher un quelconque pouvoir social, le tout dans un esprit de victimisation qui voit même un embryon comme un ennemi.


La Dre Pia de Solenni a reçu le Prix des Académies pontificales pour sa thèse de doctorat, un travail en théologie thomiste intitulé: Towards an Understanding of Woman as Imago Dei, présenté à l'Université pontificale Sainte-Croix (2003) (ISBN:8883330838).

| Accueil >> Sermons perdus